Avec l’arrivée des températures estivales, que diriez-vous de prendre le frais en forêt ? Des pinèdes des Landes aux forêts vallonnées d’Argonne, de la légendaire Brocéliande au massif des Maures, les occasions ne manquent pas de se promener à l’ombre des différentes essences, d’en savourer les parfums mêlés d’humus et de résine. Sous nos pieds, le sol, lui aussi, change ; sur le socle de roche, ici granitique, là calcaire ou sablonneuse, l’épaisseur du tapis de mousses, d’aiguilles sèches, de feuilles et d’écorces varie selon la végétation, le climat, et la vitesse à laquelle la matière organique est décomposée par la vie microscopique qui y foisonne.
De même que nous craignons les épisodes caniculaires devenus plus fréquents et intenses sous l’effet du réchauffement climatique, les arbres sont pour la plupart adaptés à une gamme donnée de conditions. Le hêtre prospère ainsi mieux sous les climats tempérés humides, tandis que le chêne-liège préfère les habitats méditerranéens. A l’échelle mondiale, les perturbations des températures et des précipitations commencent à affecter l’aire de répartition de certaines essences, avec trois issues possibles : la migration, l’adaptation… ou l’extinction.
Toutefois, la capacité à s’adapter ne dépend pas de l’arbre seul, comme s’il poussait isolément tel un germe de haricot sur un coton hydrophile. Chaque arbre établit, en effet, des relations intimes avec les micro-organismes du sol, aussi bien bactéries que champignons. Parmi ces derniers, certains s’entremêlent avec les racines en un réseau complexe nommé « mycorhize » (du grec myco, « champignon », et rhiza, « racine »), au sein duquel l’arbre bénéficie d’un approvisionnement en minéraux en échange d’une partie des sucres qu’il produit par la photosynthèse.
Des associations durables
En raison de ce rôle crucial d’interface entre l’arbre et son environnement, Cassandra Allsup, Isabelle George et Richard Lankau (université du Wisconsin, Etats-Unis) ont étudié si des micro-organismes provenant de sols forestiers soumis à différentes conditions climatiques pouvaient étendre les capacités d’adaptation de jeunes arbres au-delà de leur aire de répartition naturelle. Pour cela, après inoculation des sols avec des communautés de micro-organismes prélevés dans douze forêts de climats variés, ils ont étudié sur trois ans la survie de plants de différentes essences, sur deux sites situés au nord (Wisconsin) et au sud (Illinois) de leur zone d’étude, en restreignant ou non les précipitations.
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