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La stérilisation des chats révolutionnée par la thérapie génique

by admin
Chat chez le vétérinaire

Anesthésie générale, insupportable collerette pendant plusieurs jours, soins post-opératoires… En plus d’être coûteuse, la stérilisation est souvent une épreuve pour les chats. Avec des estimations allant de 600 millions à 1 milliard de chats dans le monde, dont 80% sont dits “libres”, elle est pourtant nécessaire pour contrôler les populations et protéger la petite faune sauvage de certains continents, comme en Australie.

Pour éviter aux chats de subir les risques d’une opération, et à leurs humains de vivre une après-midi d’angoisse, des chercheurs américains ont développé une méthode de stérilisation sous forme d’injection unique, grâce à la thérapie génique. Les résultats ont été publiés le ­6 juin 2023 dans la revue Nature communications, et sont très prometteurs.

“Le modèle de thérapie génique que nous utilisons existe déjà chez l’humain”

“Thérapie génique”. L’expression effraie, mais l’injection est pourtant sans danger. Loin des scénarios de science-fiction à la Bienvenue à Gattaca, la technique utilisée par les chercheurs ne modifie en aucun cas le génome de l’individu, que ce dernier soit humain, ou chat. “Nous utilisons un virus adénoassocié (AAV), qui amène une copie du gène dans la cellule, sans que celle-ci ne s’intègre au génome”, explique David Pépin, chercheur en biologie moléculaire à l’hôpital du Massachusetts.

Le virus contenant le gène va rester indépendant dans le noyau de la cellule, sans se transmettre aux autres, car “les AAV ne sont pas réplicatifs, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas faire de copies d’eux-mêmes et infecter d’autres cellules ou animaux”, ajoute le chercheur. Ce qui est introduit dans la cellule par l’intermédiaire du virus, c’est un transgène d’hormone anti-müllérienne (AMH) féline. Celle-ci est connue pour réguler la croissance folliculaire, en diminuant le nombre d’ovules produit par les ovaires.

Les cellules musculaires ont une durée de vie très grande car elles ont la capacité de se réparer. Ainsi, l’hormone AMH est délivrée de manière continue, “ce qui représente un outil inédit de contraception permanente, en une seule injection”, se réjouit David Pépin. “Après une seule injection intramusculaire, les femelles traitées présentaient des niveaux d’AMH bien supérieurs aux niveaux biologiques, et ce pendant deux ans. Cela a empêché l’ovulation chez les femelles pendant toute la durée de l’étude”, ajoute le chercheur. Testée chez les femelles souris et chats, il faudra encore étudier les effets de cette thérapie génique sur le long terme. Mais les chercheurs ne sont pas inquiets, puisque les AAV sont déjà utilisés dans le traitement de certaines maladies rares chez l’Homme. “Si tout se passe bien, le produit devrait être disponible aux Etats-Unis d’ici 5 à 6 ans, puis partout dans le monde”, conclut David Pépin.

Une solution contre la reproduction massive des chats libres

“Partout où l’humain s’est regroupé, et où il ne fait pas trop froid, il y a des chats”, illustre le Dr Bendossa, vétérinaire. Pour lui, cette thérapie serait “formidable sur le plan clinique”. Contrairement à ce qui a été enseigné aux vétérinaires, la stérilisation chirurgicale peut voir des risques pour le chat, “surtout si elle est effectuée à un âge précoce, entre 2 et 6 mois”, confirme le vétérinaire, “à partir du moment où nous aurons, grâce à la science, l’assurance que cette thérapie ne nuit pas à la bonne santé de l’animal, elle sera largement préférable et moins dangereuse qu’une opération avec anesthésie générale”.

Mais à quel prix ? Cette thérapie pourrait permettre aux associations et refuges d’optimiser leurs opérations de stérilisation des chats libres, ralenties par la nécessité de trapper les chats (les attraper dans des cages). Soucieux de cela, les chercheurs mettront “tout en place pour rendre ce traitement gratuit pour les associations”. Pour les particuliers, ils estiment un prix semblable à ceux d’une stérilisation chirurgicale.

Et pourquoi pas une thérapie génique pour la contraception humaine ? Cette méthode n’étant pas réversible, elle ne pourrait pas devenir un moyen usuel de contraception féminine. Pour autant, il n’est pas exclu qu’elle puisse un jour être utilisée dans le cadre de stérilisations définitives.

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