L’abeille, réputée pour être le n°1 des pollinisateurs, pourrait bien être concurrencée par le papillon de nuit, comme le suggère une étude publiée dans la revue Plos One le 29 mars 2023. Une seconde étude, publiée dans la revue Ecology Letters le 5 juin 2023, montre le rôle sous-estimé des papillons de nuit dans la pollinisation tout en soulignant leur net déclin à cause du changement climatique induit par les activités humaines. Alors que les insectes assurent 80% du transport du pollen des plantes à fleurs, leurs populations sont en danger bien qu’ils jouent un rôle essentiel pour les écosystèmes.
Des pollinisateurs plus efficaces que les abeilles ?
La nuit, les papillons nocturnes prennent le relais des abeilles, fourmis, mouches ou encore coléoptères qui pollinisent les plantes à fleur pendant la journée. Souvent considérés comme dérangeants et vivant dans l’ombre de leurs cousins hauts en couleurs qui virevoltent le jour, ils n’ont pourtant rien à leur envier et ont une importance largement sous-estimée.
L’abeille, réputée pour être le n°1 des pollinisateurs, pourrait bien être concurrencée par le papillon de nuit, comme le suggère une étude publiée dans la revue Plos One le 29 mars 2023. Une seconde étude, publiée dans la revue Ecology Letters le 5 juin 2023, montre le rôle sous-estimé des papillons de nuit dans la pollinisation tout en soulignant leur net déclin à cause du changement climatique induit par les activités humaines. Alors que les insectes assurent 80% du transport du pollen des plantes à fleurs, leurs populations sont en danger bien qu’ils jouent un rôle essentiel pour les écosystèmes.
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Des pollinisateurs plus efficaces que les abeilles ?
La nuit, les papillons nocturnes prennent le relais des abeilles, fourmis, mouches ou encore coléoptères qui pollinisent les plantes à fleur pendant la journée. Souvent considérés comme dérangeants et vivant dans l’ombre de leurs cousins hauts en couleurs qui virevoltent le jour, ils n’ont pourtant rien à leur envier et ont une importance largement sous-estimée. Le 29 mars 2023, une étude publiée dans la revue Plos One mettait notamment en évidence leur rôle -ainsi que celui des abeilles diurnes- dans la pollinisation de la ronce (ou mûrier sauvage), une espèce commune dans toute l’Europe.
En prenant plus de 380.000 photos sur une période de 3 jours et 10 sites différents en présence et absence de pollinisateurs, les chercheurs de l’Université de Sussex (Royaume-Uni) ont observé que la fréquentation des fleurs pendant la journée représentait 83% des visites effectuées au total, et que les visites nocturnes étaient presque exclusivement faites par des papillons de nuit. En revanche, les dépôts de pollen étaient significativement plus élevés pendant la nuit que pendant la journée pour un taux de visites moindre, ce qui suggère que les papillons de nuit sont plus efficaces pour polliniser la ronce que les insectes de jour.
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Dans une autre étude (indépendante de la première) publiée dans la revue Ecology Letters, des chercheurs de l’Université de Sheffield (Royaume-Uni) ont également montré le rôle impactant des papillons sur la pollinisation dans les sites horticoles urbains. En comparant les réseaux de transport de pollen des papillons nocturnes et des abeilles en utilisant le métabarcoding de l’ADN (une technique permettant d’identifier et de répertorier des individus ou échantillons d’individus à partir d’une courte séquence d’ADN), ils ont pu comprendre comment ceux-ci étaient impactés par l’urbanisation. Leurs résultats montrent que non seulement, les papillons de nuit et les abeilles ne pollinisent pas les mêmes plantes et sont complémentaires, mais que l’urbanisation croissante a des effets négatifs sur le transport du pollen pour les deux taxons : plus les observations étaient effectuées loin du centre-ville, plus les espèces végétales étaient visitées par les papillons et les abeilles. De même, la richesse des espèces de pollen transportées diminuait au fur et à mesure que la zone étudiée était urbanisée. Les chercheurs ont également pu observer que les papillons de nuit pollinisent les arbres à fleurs (tilleul, frêne…), mais aussi d’autres espèces comme la groseille, la fraise, les fruits à noyaux ou les pommes ; ce qui soutient l’hypothèse selon laquelle ils pourraient jouer un rôle important en tant que pollinisateurs des cultures.
Papillons de nuit : des espèces en déclin et difficiles à étudier
Les papillons de nuit constituent 88 à 91% des lépidoptères (l’ordre des insectes communément appelés papillons), mais suscitent bien moins l’attention que les papillons de jour dans la recherche, et encore moins que les abeilles. Celles-ci sont “incontestablement importantes, mais nos travaux ont montré que les papillons de nuit pollinisent les fleurs plus rapidement que les insectes diurnes”, avait déclaré Fiona Mathews, professeure de biologie environnementale à l’Université de Sussex et co-auteure de l’étude, dans un communiqué de presse. Etudier les papillons de nuit dans leur milieu naturel pose un certain nombre de contraintes logistiques qui explique en partie pourquoi ceux-ci sont délaissés, mais l’importance qu’ils représentent pour les écosystèmes nécessite des travaux plus amples ainsi que la mise en place de nouvelles stratégies de conservation, qui ne se concentrent pas uniquement sur les abeilles. En Grande-Bretagne, l’abondance de ces papillons a diminué de 33% entre 1968 et 2017.
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Pour une meilleure gestion des espaces verts
Dans les deux publications, les chercheurs s’accordent sur le constat que les papillons sont moins résilients que les abeilles, parce qu’ils sont plus vulnérables au changement climatique et subissent l’urbanisation, peut-être encore plus que les abeilles à cause de l’éclairage urbain pendant la nuit. Maintenant que le constat est fait, les chercheurs plaident pour une meilleure considération des papillons de nuit dans les mesures de conservation des pollinisateurs. “Malheureusement, de nombreux papillons de nuit sont en grave déclin en Grande-Bretagne, ce qui affecte non seulement la pollinisation, mais aussi l’approvisionnement en nourriture de nombreuses autres espèces, des chauves-souris aux oiseaux, poursuit Fiona Mathews. Notre travail montre que des mesures simples, telles que la floraison des ronciers, peuvent constituer des sources de nourriture importantes pour les papillons de nuit, et nous serons récompensés par une récolte de mûres. Tout le monde est gagnant !”. Ainsi, mieux prendre en compte la diversité des espèces dans les espaces urbains permettrait d’y préserver la biodiversité essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes.
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