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quelles conséquences pour la biodiversité ?

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quelles conséquences pour la biodiversité ?

C’est une catastrophe climatique invisible, mais bien majeure. Alors que le Canada est en proie aux flammes, que l’Espagne s’est transformée en fournaise, sous l’eau aussi, le mercure s’emballe : une canicule marine frappe actuellement l’océan Atlantique, où des anomalies de température de plus de 5 °C ont été enregistrées au large des îles britanniques.

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Le 21 juin dernier, la température à la surface de l’eau dans la partie nord de l’océan a aussi été mesurée à 23,3 °C, soit 1,28 °C de plus que la moyenne historique à cette période. Du jamais-vu qui devrait tous nous inquiéter. Car ces vagues de chaleur marines pourraient provoquer, selon les scientifiques, une hécatombe invisible chez les espèces marines.

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Blanchissement des coraux

Dans son rapport consacré à l’océan et la cryosphère, le GIEC prévoit « avec un haut degré de confiance » que les canicules marines amènent certains organismes marins « au-delà des limites de leur résilience ». Sans réduction drastique et immédiate de nos émissions de gaz à effet de serre, certaines eaux équatoriales pourraient se transformer en désert, inadaptées aux populations marines.

Même constat dans une étude publiée en juillet dernier dans la revue scientifique « Global Change Biology », une équipe d’une soixantaine de chercheurs internationaux a montré que les canicules marines qui ont frappé la région entre 2015 et 2019 avaient provoqué des « mortalités massives » chez une cinquantaine d’espèces de poissons, d’éponges, d’algues ou encore de mollusques, jusqu’à 40 mètres sous la surface de l’eau.

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Ces vagues de chaleur marines entraînent par ailleurs des épisodes de blanchissement des coraux à une fréquence de plus en plus élevée. Parmi les plus touchés figurent les gorgones, une espèce de corail particulièrement sensible aux changements brusques de température. En Méditerranée, suite aux épisodes de canicules océaniques de 1999, 2003 et 2006, de nombreux cas de mortalité ont été observés et certaines populations ont même été décimées à 90 %.

Une mortalité d’autant plus problématique que cette espèce abrite une multitude d’autres organismes. « La mortalité des gorgones n’affecte pas seulement l’espèce. Quand elles sont touchées par la chaleur, toute la biodiversité associée, les larves de poissons, les crustacés, sont aussi impactés » s’inquiète Thierry Perez, chercheur du CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale.

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Des extinctions locales

Localement, d’autres populations deviennent tout simplement menacées d’extinction. A l’été 2022, alors que la température des eaux de surface de la Méditerranée française avait bondi à 31 °C, des espèces d’éponges de mer ont été éradiquées de certaines profondeurs. « C’était la première fois que j’utilisais le terme “extinction” », souligne Thierry Perez. « Au mois d’août, deux mois après la canicule, rien n’avait survécu. Et encore aujourd’hui, au-dessus de 20 mètres de profondeur, on peut les compter sur les doigts d’une main sur le littoral marseillais », poursuit-il.

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Les canicules marines favorisent par ailleurs la prolifération de « bactéries thermo-dépendantes », telles que le vibrio. Le manque d’oxygène dans l’eau, causé par la hausse des chaleurs peut aussi permettre à des espèces toxiques de se développer. C’est le cas par exemple sur la côte basque où l’ostreopsis, une algue microscopique qui peut provoquer toux, irritation cutanées ou troubles gastriques se développe tant et si bien que l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) a émis un avertissement fin juin. Ces algues tropicales sont arrivées en Méditerranée il y a une vingtaine d’années et se propagent depuis 2018 sur la façade atlantique française. En 2021, l’Anses a recensé 800 cas sur la côte basque.

Autre effet délétère : « le changement de géographie des espèces », indique Thierry Perez. Ces vagues de chaleur successives permettent ainsi à des espèces exotiques de s’introduire en Méditerranée. C’est le cas des poissons lapins, des herbivores voraces qui ont pénétré dans la mer suite à la création du Canal de Suez, et remontent vers les zones septentrionales en suivant le réchauffement de l’eau. « Ces nouvelles espèces accroissent la pression d’herbivorie et modifient l’équilibre naturel des écosystèmes. »

Des canicules marines de plus en plus fréquentes

Face à ces vagues de chaleur rapides et très intenses, les populations marines paraissent de plus en plus démunies. « On peut espérer que la faune et la flore, résilientes, parviennent à s’adapter. Mais on ne peut pas le prédire avec certitude », regrette Thierry Perez. En attendant, le scientifique préconise de réduire au maximum les pressions externes causées par l’homme sur la biodiversité, comme la pollution ou la pêche.

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En tout cas, il y a urgence et la situation actuelle pourrait bien se révéler être un triste avant-goût du futur climatique de nos océans. Selon les estimations du Giec, la durée des canicules marines a augmenté de 54 % au cours du siècle passé. Entre 84 et 90 % d’entre elles sont aujourd’hui attribuables au changement climatique. Selon les projections des experts, leur fréquence devrait être multipliée par 50 si nos émissions continuent d’augmenter sans relâche, et par 20 si elles déclinent immédiatement pour être nulles d’ici à 2100.

Avec un réchauffement de +5 °C, le pire scénario envisagé par les scientifiques du CNRS, les canicules marines seront quatre mois plus longues et quatre fois plus intensives, la mer se réchauffant à un taux 20 % plus rapide que la moyenne mondiale. Et seul le scénario d’un réchauffement limité à +1,5 °C par rapport à 1990 permettrait d’en endiguer l’aggravation.



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