Home Science « Les fossiles sont les supports de croyances très diverses, de Taïwan à la Normandie »

« Les fossiles sont les supports de croyances très diverses, de Taïwan à la Normandie »

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« Les fossiles sont les supports de croyances très diverses, de Taïwan à la Normandie »

Les fossiles ne sont pas seulement des curiosités géologiques. Ces restes d’êtres vivants conservés dans les roches de l’écorce terrestre font l’objet, depuis la préhistoire, de nombreuses croyances, légendes et superstitions jusqu’ici largement ignorées par la recherche en France. Le paléontologue Eric Buffetaut, directeur de recherche émérite au CNRS, tente d’y remédier en rassemblant les traces éparses de ces mythes dans son dernier ouvrage, Fossiles et croyances populaires. Une paléontologie de l’imaginaire (Le Cavalier bleu, 160 pages, 13 euros).

Comment vous est venue l’idée de consacrer un livre à ce sujet ?

En tant que paléontologue, je suis spécialiste des vertébrés, et plus particulièrement des dinosaures et des oiseaux disparus. Mais je m’intéresse depuis toujours, par curiosité, aux croyances populaires. Quand j’ai découvert que des mythes et légendes étaient rattachés aux fossiles, il me semblait naturel de croiser ma discipline scientifique avec cet intérêt personnel.

Ce projet rejoint aussi une envie de pallier un manque spécifique à la France, qui diffère de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Europe centrale, où de nombreux livres sont consacrés au sujet. Deux paléontologues méritent en particulier d’être cités : l’Autrichien Othenio Abel (1875-1946), qui a publié dans les années 1920-1930 plusieurs ouvrages devenus des références, ainsi que l’Anglais Kenneth Oakley (1911-1981), qui s’est beaucoup intéressé aux usages symboliques et décoratifs des fossiles.

Peut-être que cette carence est due au rationalisme très ancré chez nous, et qui tend à considérer ces croyances comme des contes à dormir debout… Quoi qu’il en soit, il existe seulement quelques articles scientifiques, issus des travaux de paléontologues, d’archéologues et de folkloristes. C’est en compilant ces sources dispersées que j’ai construit mon ouvrage, le premier à tenter de donner un tableau général des cas français, où les croyances liées aux fossiles sont surtout prégnantes dans les Alpes et en Normandie, deux régions riches en la matière.

En quoi les fossiles ouvrent-ils à une « paléontologie de l’imaginaire » ?

Si les croyances populaires associées aux fossiles ont été forgées à une époque qui ne peut être datée avec précision, on estime que les fossiles ont attiré les humains dès le Paléolithique (période démarrant il y a environ trois millions d’années, et se terminant il y a 10 000 à 12 000 ans). Même les Néandertaliens en ont recueilli et collectionné : des gastéropodes et coraux pétrifiés ont été retrouvés dans des couches archéologiques de grottes datant de plus de 35 000 ans.

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