Les énergies renouvelables sont une ressource clé pour nos sociétés contemporaines. Vent, soleil… elles intéressent évidemment parce qu’elles sont produites à partir de sources potentiellement inépuisables. Par ailleurs elles n’émettent pas de gaz à effet de serre, dont l’accumulation dans notre atmosphère participe au réchauffement climatique. Mais comme tout équipement humain (et a l’instar des barrages qui peuvent engendrer des problèmes pour cause de détournement de l’eau des rivières, de fleuves ou de lacs), les éoliennes et les panneaux solaires peuvent avoir une influence sur leur environnement. Ainsi les premières peuvent bouleverser le vols d’oiseaux, leurs immenses pales pouvant être à l’origine de collisions. Même immobiles et près du sol, les panneaux solaires pourraient avoir aussi un impact négatif sur la faune avoisinante.
Baisse d’activité pour les chauves-souris
Des chercheurs de l’université de Bristol ont mené une étude sur 19 fermes photovoltaïques dans le sud-ouest de l’Angleterre. Leur but était de déterminer l’impact des panneaux solaires sur la faune environnante, en particulier les chauves-souris. Pourquoi elles ? Parce que les chiroptères sont un excellent bioindicateur : ces animaux sont présents presque partout sur Terre et sont souvent au sommet de la chaîne alimentaire. Si un écosystème est affecté, cela aura forcément un impact sur les chauves-souris.
Le principe de l’étude était de comparer l’activité de champs équipés de fermes photovoltaïques à d’autres, des sites témoins, similaires en tous points mais dénués de panneaux. Des capteurs placés dans tous les champs pouvaient recenser chaque passage de chauves-souris, et même déterminer l’espèce de l’individu.
Les haies et les cours d’eau
Ce travail a permis de montrer que six espèces de chauves-souris sur les huit étudiées ont une activité moins importante dans les champs à panneaux solaires (une étude hongroise parue récemment arrive à des conclusions similaires). Une des explications possibles est que ces animaux capables de se repérer grâce aux ondes qu’ils émettent confondent la surface plane des panneaux avec la surface de l’eau. Ils s’y précipitent pour boire ou chasser des insectes mais c’est un choc frontal qui les attend. Au final, la survenue de ces accidents fait que l’activité des chauves-souris est moindre, ou en tout cas entravée, sur des sites équipés de panneaux solaires.
Y a-t-il des solutions ? Les scientifiques ont observé que les fermes proches d’un cours d’eau sont des lieux moins “accidentogènes” pour les chauves-souris. Une idée aussi à creuser : en bordure de certains champs de panneaux solaires, on retrouve parfois des haies végétales qui servent de points de passage, de repos ou même de terrains de chasse aux chauves-souris. L’activité dans ces zones est importante, et une incorporation intelligente de haies dans chaque ferme pourrait être bénéfiques aux chiroptères.