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Dépression : les patients auraient un risque plus élevé de développer d’autres troubles

by admin
Homme en dépression

Les chercheurs de l’université d’Aarhus, au Danemark, ont étudié le génome de 1,3 million de personnes, dont plus de 370.000 souffraient de dépression. Il s’agit de la plus grande étude génétique sur la dépression à ce jour, et elle montre que les personnes souffrant de dépression ont souvent un risque plus élevé de développer d’autres maladies. Les résultats de l’étude, publiée dans Nature Medicine, estiment par exemple que les personnes souffrant de dépression et ayant une forte prédisposition génétique au trouble bipolaire ont 32 fois plus de risques de développer la maladie que le reste de la population générale.

“Nous savons depuis longtemps que la dépression a une composante génétique importante”

Selon les chercheurs, il serait possible de prédire le risque de développer ces troubles psychiatriques à l’aide d’analyses génétiques, afin de mieux orienter les traitements et prévenir des récidives. Le professeur Anders Børglum, du département de biomédecine de l’université d’Aarhus (Danemark), qui a dirigé l’étude, et Thomas Als, ancien professeur associé au département de biomédecine, commentent leurs résultats avec Sciences et Avenir pour permettre une meilleure compréhension des origines génétiques de la dépression, et de ses troubles associés.

Sciences et Avenir : L’origine génétique de la dépression fait-elle encore l’objet de débats ?

Anders Børglum et Thomas Als : Non, nous savons depuis longtemps que la dépression a une composante génétique importante et que les variantes génétiques contribuent au risque de développer une dépression.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler sur les origines génétiques de la dépression et d’autres troubles associés ?

Nous nous intéressons depuis longtemps au lien entre les variations génétiques et les troubles psychiatriques, qui sont des maladies hautement héréditaires. L’objectif est d’identifier les causes génétiques et les mécanismes de la maladie dans la perspective à long terme d’améliorer le diagnostic et le traitement des patients.

Si l’origine génétique de la dépression n’est plus à démontrer, qu’en est-il des facteurs environnementaux dans la dépression ?

Les facteurs environnementaux sont également importants dans la dépression. La dépression est un trouble multifactoriel complexe, influencé par une combinaison de facteurs de risque environnementaux et génétiques.

“La connaissance du risque génétique d’un individu peut toujours être utile”

Comment peut-on déterminer notre prédisposition à certains troubles, tels que la dépression ou le trouble bipolaire ? Cela vaut-il la peine de connaître sa propre prédisposition ?

Au niveau de la population, près de 11.700 variantes de risque génétique peut expliquer 90 % de l’héritabilité de la dépression, mais chacune d’entre elles n’ajoute qu’une infime partie au risque de développer la maladie. Cela signifie que nous portons tous certaines variantes de risque dans notre génome, mais que la majorité d’entre nous ne développe pas de dépression, car la somme des facteurs de risque génétiques et environnementaux est inférieure au seuil de développement d’une dépression.

La connaissance du risque génétique d’un individu peut toujours être utile. Par exemple, certains patients ne connaissent qu’un seul épisode de dépression au cours de leur vie, tandis que d’autres en connaissent plusieurs. Un score de risque génétique de développement d’un second épisode de dépression chez les patients ayant connu un premier épisode permettrait aux cliniciens d’identifier les individus particulièrement vulnérables au développement d’une récidive de la maladie, et d’agir en conséquence.

Quel est le lien entre la dépression et d’autres troubles tels que la schizophrénie ou la toxicomanie ?

Les variantes de risque génétique sont communes à de nombreux troubles psychiatriques, y compris la schizophrénie et la toxicomanie. Ces troubles sont donc génétiquement corrélés, et un risque génétique pour un trouble psychiatrique peut également signifier un risque accru pour un autre trouble.

Comment expliquez-vous que le risque génétique de dépression n’affecte que les cellules du cerveau ?

Les variantes de risque génétique identifiées dans l’étude actuelle et les études précédentes sont principalement situées dans des gènes qui ne sont activés (exprimés) que dans les cellules cérébrales, ce qui suggère que le risque génétique de dépression affecte principalement les cellules cérébrales (neurones).

Quelles sont les perspectives cliniques de votre découverte ?

Nous espérons que nos résultats, à l’avenir, pourront devenir un outil utile pour les cliniciens lorsqu’ils prennent des décisions concernant le traitement des patients. Nous pensons que les cliniciens pourraient agir sur la base d’un score de risque génétique élevé de développer des troubles tels que l’abus de substances, le trouble bipolaire, la schizophrénie parmi les patients hospitalisés pour leur première dépression. Les personnes à haut risque pourraient être suivies plus fréquemment afin d’obtenir un diagnostic précoce et d’initier un traitement précoce et des mesures préventives (par exemple pour éviter le développement d’une toxicomanie grave).

Cette estimation ne peut être utilisée pour prédire avec un degré de certitude cliniquement significatif qui, parmi les individus en bonne santé, développera une dépression. Mais il pourrait s’agir d’un outil utile pour les cliniciens lorsqu’ils prennent des décisions concernant le traitement de leurs patients.

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