Faut-il craindre des « medicanes » sur les côtes méditerranéennes françaises, comme en Libye ? En début de semaine, le pays d’Afrique du Nord a été balayé par « Daniel », une tempête devenue un « medicane » (contraction de Méditerranée et hurricane, « ouragan » en anglais) au-dessus des eaux chaudes de la Méditerranée. Au moins 3 800 personnes sont mortes, selon un bilan provisoire établit mercredi. Mais le bilan pourrait être bien plus élevé dans un pays en proie à un chaos politique.
Un ou deux « medicanes » par an en Méditerranée
Le phénomène climatique des « medicanes » pourrait bien gagner en intensité à cause du dérèglement climatique. Ces derniers se forment lors de la rencontre entre une masse d’air fraîche en altitude et une autre, plus chaude, venant de la mer.
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Ce type d’ouragan n’est pas nouveau. « On en décompte chaque année un ou deux en Méditerranée », indique l’agroclimatologue Serge Zaka, prenant l’exemple de Rolf, qui a atteint les côtes varoises en novembre 2011.
Sur le pourtour méditerranéen, aucune côte n’est à l’abri des « medicanes ». « L’Italie, l’Espagne, la Corse, mais aussi les pays du Maghreb, le Liban ou la Syrie pourraient être touchés », souligne Serge Zaka. « Certaines de ces zones n’ont pas l’habitude de recevoir autant de précipitations et n’auront pas forcément les moyens de s’en remettre », prévient l’agroclimatologue. Et d’ajouter :
« La Libye n’était préparée car, étant normalement désertique, elle ne possède pas de système d’évacuation des eaux. En France, oui. Mais avec l’augmentation des précipitations, il nous faudra certainement le revoir, car les dégâts pourraient aussi être importants. »
Des quartiers entiers de la ville de Derna en Libye ont disparu suite aux inondations causées par le médicane Daniel emportant au moins 2300 personnes.
Cet événement est multifactorel, à la fois climatique, pédologique et politique :
➡️ La hausse des températures de l’air due au… pic.twitter.com/PEONktFh4L— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) September 13, 2023
Twitter – Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) on Twitter
Des « médicanes plus intenses »
Si le phénomène n’est pas nouveau, « on a tendance à moins parler du phénomène car ils étaient jusqu’à présent assez peu intenses », complète le climatologue Davide Faranda, spécialiste des événements extrêmes et de leur lien avec le changement climatique.
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Seront-ils plus nombreux avec le réchauffement des eaux ? « Pas plus nombreux, mais plus intenses », assure le spécialiste. En Libye, par exemple, c’est la température de mer, plus élevée à cause du dérèglement climatique, qui a déclenché les orages. « La température moyenne de la Méditerranée était de 28 °C cet été. C’est dans cette atmosphère chargée en humidité que le cyclone a touché les côtes libyennes. »
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Cette combinaison augmente l’énergie disponible pour le cyclone, créant d’énormes orages près du cœur. « Cela peut provoquer entre 10 et 20 % de précipitations en plus », chiffre Davide Faranda.