Au rayon boucherie d’une grande surface de la région toulousaine, le 23 février 2024. FRED SCHEIBER/SIPA
Décryptage Une étude publiée dans la revue « Science Advances » a mesuré l’effet conjugué d’un régime flexitarien aux autres mesures de limitation des émissions de gaz à effet de serre.
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Entrecôte ou lasagnes végétariennes, ce soir ? Le choix semble anodin. Et pourtant, il peut avoir un impact considérable sur la planète. Si tout le monde réduisait sa consommation de viande, le réchauffement climatique pourrait être limité à seulement 1,5 °C à l’horizon 2045, selon une étude publiée dans la revue « Science Advances ».
De nombreux rapports ont déjà montré que la viande est nocive pour la planète. L’élevage de bétail serait responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre, d’après la Food and Agriculture Organization (FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Mais quand on préfère une assiette végétarienne à un plat carné, cela fait-il vraiment une différence ? Jusqu’à présent, la littérature scientifique n’avait pas permis de mesurer les effets isolés des changements alimentaires pour rester dans le 1,5 °C de réchauffement – l’objectif fixé par l’accord de Paris sur le climat scellé en 2015.
Cette fois, de nouvelles simulations ont intégré ce paramètre en plus des mesures déjà adoptées par les pays. Pour cela, les auteurs de l’étude se sont servis d’un modèle d’alimentation appelé EAT-Lancet. « C’est un régime flexitarien comprenant principalement une grande variété d’aliments à base de plantes, une réduction nette des produits d’origine animale, en particulier dans les régions à revenu élevé et intermédiaire, et une consommation limitée de sucres ajoutés », explique la coauteure Isabelle Weindl, du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK, Institut de Potsdam pour la Recherche sur l’Impact du Climat).
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En clair, une alimentation qui privilégie les légumes, les céréales et les légumineuses, en intégrant de la viande en petites quantités, à raison d’une portion de viande rouge (98 grammes), deux de volaille (203 grammes) et deux de poisson (196 grammes) au maximum par semaine. Pour réussir à limiter le réchauffement, ce régime doit être appliqué à toutes les régions du monde jusqu’en 2050. Mais impossible de se passer des autres mesures déjà identifiées pour préserver la planète.
Moins de viande, moins de méthane
L’étude compare plusieurs modèles, qui varient selon les revenus, la taille de la population et son niveau socioéconomique. Elle montre que si les pays respectent les plans nationaux fixés dans l’accord de Paris, mettent en place la taxe carbone – qui vise à modifier les comportements en taxant les émissions de dioxyde de carbone – et réduisent leur consommation de viande, alors la Terre ne se réchaufferait que de 1,5 °C à l’horizon 2045. Ce qui permettrait de rester dans les objectifs fixés par l’accord de Paris.
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Impossible de se passer de mesures telles que la taxe carbone, qui reste « importante pour rester dans les limites d’un réchauffement de 1,5 °C », écrivent les auteurs. En outre, ils suggèrent de créer une taxe sur la viande de bœuf et la viande d’agneau, dont les productions sont les plus émettrices de gaz à effet de serre.
Diminuer la quantité de viande consommée implique d’en produire moins, donc de moins polluer. « Les animaux d’élevage ruminants (bovins, ovins et caprins) sont caractérisés par une digestion particulière qui leur fait éructer du méthane. La gestion des déjections des animaux [le fumier et le lisier], riches en matières organiques, émet également du méthane lors de leur fermentation », explique le Commissariat général au Développement durable, qui précise que les bovins sont les animaux les plus émetteurs.
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Toutefois, les chercheurs soulignent les difficultés pour mettre en place une telle mesure. Les politiques liées à l’alimentation dépendent de différents acteurs, ministères et institutions, « ce qui ralentit la mise en place de politiques cohérentes en faveur d’une alimentation saine ». Par ailleurs, la transition vers ce modèle plus sain nécessite d’impliquer toutes les populations et d’établir des compensations pour les plus défavorisées d’entre elles. Ces résultats « appellent à des efforts globaux concertés pour soutenir cette transition vers une alimentation durable et saine », conclut Johan Rockström, le directeur du PIK et coauteur de l’étude.
