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Un bouleversement climatique aussi inexorable qu’inquiétant. Mai 2024 a été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré dans le monde, devenant le 12e mois consécutif à battre son propre record, a alerté le patron de l’ONU lors d’un discours à New York, ce mercredi 5 juin.
S’appuyant sur les données de l’observatoire européen Copernicus, Antonio Guterres a souligné que « la température mondiale moyenne sur les 12 derniers mois est la plus élevée jamais enregistrée », soit « 1,63 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle de 1850-1900 » quand les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité n’avaient pas encore réchauffé la planète.
Un chiffre qui dépasse la limite de 1,5 °C citée comme objectif par l’accord de Paris de 2015, signé par la quasi-totalité des pays. Mais une telle anomalie devrait être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer que le climat s’est stabilisé à +1,5 °C, ce qui n’est pas encore le cas.
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Dans son discours, Antonio Guterres a comparé le changement climatique à « la météorite qui a exterminé les dinosaures ». « Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures, a-t-il précisé, nous sommes la météorite. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger. »
Des critiques contre le secteur des énergies fossiles
« Mais nous sommes aussi la solution », a-t-il poursuivi, appelant une nouvelle fois à renforcer l’action climatique pour tenter de limiter le réchauffement à l’objectif de +1,5 °C « qui ne tient qu’à un fil ». « C’est un moment critique pour le climat », a insisté le secrétaire général, appelant à « prendre la bretelle de sortie de l’autoroute vers l’enfer ».
Première cible de ses critiques, comme à son habitude, le secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), « les parrains du chaos climatique » qui « amassent des profits records et se gavent des milliards de milliards de subventions payées par les impôts des contribuables ». Il a ainsi répété son appel à taxer leurs profits pour financer la lutte contre le réchauffement.
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Le secrétaire général de l’ONU a aussi demandé aux gouvernements d’interdire « la publicité pour les entreprises des énergies fossiles », principales responsables du changement climatique, de la même façon qu’ils le font « pour les produits néfastes pour la santé humaine, comme le tabac ». Antonio Guterres a également dénoncé la « complicité » des publicitaires dans le « greenwashing éhonté » du secteur des fossiles, principal responsable du réchauffement.
Il a d’autre part répété ses appels aux pays riches à sortir du charbon d’ici 2030 et à réduire le pétrole et le gaz de 60 % d’ici 2035. « Nous ne pouvons pas accepter un avenir où les riches sont protégés dans des bulles climatisées, pendant que le reste de l’humanité sera frappé par une météo mortelle sur des territoires invivables », a-t-il dénoncé.
De nouveaux records de chaleur attendus d’ici cinq ans
Le mois dernier, la température moyenne, sur terre et sur les océans, était de +1,52 °C. Mai 2024 est le 11e mois consécutif depuis juillet 2023 à atteindre ou dépasser la limite de +1,5 °C. Selon le dernier bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), coordonné avec le discours d’Antonio Guterres, le monde se rapproche « de plus en plus » des seuils fixés dans l’accord de Paris.
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« L’OMM tire la sonnette d’alarme car nous allons dépasser temporairement le seuil de 1,5 °C de plus en plus fréquemment », a déclaré la secrétaire générale adjointe de cette agence spécialisée des Nations unies, Ko Barrett, dans un communiqué. Selon l’organisation, il y a 86 % de chances qu’au moins l’une des cinq prochaines années (2024-2028) devienne la plus chaude jamais enregistrée.
« Derrière ces statistiques se cache une sombre réalité, nous sommes loin d’atteindre les objectifs fixés dans l’accord de Paris », a déclaré Ko Barrett, qui ne perd pas espoir : « les dépassements temporaires ne signifient pas que l’objectif de 1,5 °C est définitivement inatteignable. » « Il s’agit d’un avertissement sévère », écrit l’OMM.