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Anne Chantry, dans le club très fermé des sages-femmes professeures des universités

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Anne Chantry, dans le club très fermé des sages-femmes professeures des universités

C’est à un club très fermé qu’appartient Anne Chantry. Celui des sages-femmes professeures des universités. Elles ne sont que trois en France. Corinne Dupont a ouvert la voie en 2021, Anne Rousseau l’a suivie en 2022. Anne Chantry, 41 ans, l’année d’après. En 2020, elle avait été nommée maîtresse de conférences. Sages-femmes et chercheuses ? Longtemps, ce mélange des genres a semblé incongru.

Le chemin n’a pas été facile, reconnaît cette pionnière. « Nous n’avions aucun modèle. Il a fallu convaincre de notre capacité à mener des travaux de recherche avec nos projets, nos profils et notre force de travail », dit celle qui partage aujourd’hui son activité d’enseignante-chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au sein de l’unité Epopé (épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique) et au département universitaire de maïeutique de la faculté de santé de l’université Paris Cité où elle enseigne.

L’abbaye de Port-Royal, située dans l’hôpital Cochin, à Paris, qui abrite une maternité et l’unité de recherche à laquelle appartient Anne Chantry, le 11 juillet 2024.

En 2013, elle soutient sa thèse sur la morbidité maternelle sévère – tous les problèmes de santé liés à la grossesse ou à l’accouchement. Et décide dans la foulée de réorienter sa recherche sur les grossesses à bas risque et sur la rationalisation du nombre d’interventions pendant la grossesse et l’accouchement tout en maintenant un niveau élevé de sécurité de soins pour les mères et leur bébé. « Plus de 70 % des femmes n’ont pas de facteurs de risque pendant leur grossesse. Or, on les prend en charge en s’appuyant sur des protocoles qui sont faits pour les femmes à haut risque », expose-t-elle. Exemple : le nombre d’échographies. Alors que la France en recommande trois, 49 % des femmes déclarent en avoir eu six ou plus, selon l’enquête nationale périnatale de l’Inserm (2021). Autre exemple : l’administration d’ocytocine pour réduire la durée du travail lors de l’accouchement, alors que des études ont montré que cette pratique augmentait le risque d’hémorragie du post-partum.

Une recherche jugée « fondamentale » pour François Goffinet. Contrairement à certains de ses collègues médecins, ce gynécologue obstétricien, chef de service de la maternité Port-Royal, à Paris, a très tôt soutenu les sages-femmes qui souhaitaient faire de la recherche. D’Anne Chantry, il vante l’« implication dans l’unité et à l’école » mais aussi la « ténacité » et la « pugnacité ».

Le verre à moitié plein

Cette maman d’un petit garçon de 7 ans n’est pas du genre à se lamenter, ni à attendre les bras croisés que les choses évoluent. « Anne n’abandonne jamais, dit Camille Le Ray, gynécologue obstétricienne à Port-Royal. Ce qui peut parfois la faire passer pour quelqu’un de têtu. Mais si la profession a évolué, c’est en grande partie grâce à sa persévérance et à son engagement. »

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