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Décryptage D’après ce nouveau baromètre des transitions, le pessimisme règne concernant la question de l’action écologique de la France. 42 % des cadres voient dans le futur hémicycle une « mauvaise nouvelle » pour l’environnement.
Cette troisième édition du baromètre des transitions HEC Paris-ViaVoice pour « le Nouvel Obs » (1) s’est penchée sur les attentes de l’opinion en matière climatique face au nouveau paysage politique issu des élections législatives anticipées. Il en ressort qu’elles sont fortes : les sondés plaident très majoritairement pour un investissement massif de la question climatique par le prochain gouvernement. Ce sujet est important pour 8 Français sur 10 – et 9 cadres sur 10 – et prioritaire pour 4 personnes sur 10, tous publics confondus.
Reste à savoir si le futur hémicycle permettra de répondre à cet impératif. En l’occurrence, de nombreux Français cèdent au pessimisme : 40 % de l’opinion considère que la nouvelle composition de l’Assemblée est une « mauvaise nouvelle » pour la transition climatique, contre 28 % qui y voient une « bonne nouvelle ». S’agissant du public « cadres », le pessimisme est plus marqué (42 % y voient une « mauvaise nouvelle »), mais l’optimisme aussi (36 % y voient une « bonne nouvelle »). Au fond, les Français ont bien du mal à y voir clair : 33 % des répondants n’apportent pas de réponse à la question…
Il faut dire qu’à l’exception des écologistes, aucune force politique n’est clairement associée à l’enjeu climatique. Et le Nouveau Front populaire dans son ensemble n’y fait pas exception. Les résultats de ce troisième baromètre des transitions laissent en réalité entrevoir la crainte d’une paralysie parlementaire potentiellement nuisible à la réussite de la transition climatique.
◗ (1) Etude réalisée en ligne du 12 au 18 juillet 2024 sur un échantillon représentatif de 400 cadres et un échantillon de 1 001 personnes représentatif de la population française.
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• L’œil de François Gemenne : l’écologie et la gauche
Il est frappant d’observer la grande disparité dans la confiance que l’opinion accorde aux partis de gauche pour mettre en œuvre la transition. Ainsi, les écologistes, bénéficiant de leur héritage, gardent une forte cote de confiance auprès du grand public (42 %), et plus encore des cadres (56 %). Ce n’est pas le cas de la France insoumise, qui arrive loin derrière : seuls 16 % des Français lui font confiance pour réussir la transition (23 % chez les cadres). Et ce, alors même que le programme des insoumis a été évalué très favorablement par les associations en matière d’engagement écologique. Or l’opinion ne le perçoit pas. Ce n’est certes pas un thème que LFI a mis en avant lors des campagnes électorales européennes et législatives, mais on peut y voir aussi l’expression d’un fort rejet d’une partie de l’opinion pour ce parti. Entre les deux, le parti socialiste est dans un ventre mou, avec Renaissance et Horizons : il n’inspire confiance qu’à 27 % du grand public (41 % des cadres). Il ne parvient pas à acquérir une vraie crédibilité sur le sujet. Sans surprise enfin, le Rassemblement national est vu comme peu engagé sur la question climatique, notamment chez les cadres (seuls 13 % lui font confiance). Les écologistes tirent donc leurs marrons du feu mais le fait qu’ils atteignent un tel niveau de confiance chez les cadres révèle que leur électorat se situe massivement chez les CSP +.
François Gemenne, professeur à HEC Paris
• Le chiffre : 43 %
C’est la proportion de cadres estimant que leur entreprise est engagée sur les enjeux climatiques.
Ce chiffre connaît une lente érosion. « Les enjeux sont devenus plus idéologiques, analyse François Gemenne. Les entreprises donnent l’impression d’en faire moins parce qu’elles communiquent moins. Ce qui n’est pas forcément le cas. »